L’effet placebo : un phénomène sous-estimé
L’effet placebo, du latin placere signifiant plaire, est un phénomène encore largement sous-estimé et sous-utilisé en médecine. Son existence a été démontrée scientifiquement de manière irréfutable grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale (scanners fonctionnels du cerveau), aux améliorations cliniques et aux guérisons spontanées obtenues par son usage.
Un placebo d’anti-douleurs fait réagir les mêmes centres de la douleur dans le cerveau qu’une substance anti-douleur. Son effet (par exemple anti-douleur) peut même dépasser de moitié l’effet du médicament (par exemple l’aspirine), selon le Dr Jean-Luc Mommaerts (VUB).
Les recherches sur l’auto-suggestion
Ce dernier, par exemple, dans le cadre d’une étude de doctorat universitaire de chercheurs de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et de la Katholieke Universiteit Leuven (KUL), étudie en Belgique la possibilité d’obtenir des effets ou des auto-guérisons par simple autosuggestion sans administration orale, intraveineuse ou transdermique (patch) d’un produit placebo à base de sucre de lait.
Les pratiques des chamans et des guérisseurs à travers le monde intègrent depuis des millénaires des approches similaires, bien avant que les neurosciences ne commencent à les étudier. Arrêtons cependant de croire que nous pouvons devenir shamans en quelques semaines et en faire tout autant. Depuis plusieurs siècles, nous avons perdu ces pouvoirs en nous en remettant à la chimie. Se déconditionner prend du temps et, en attendant, le soutien de la médecine conventionnelle reste primordial.
Des observations étonnantes
Le Dr Van den Bogaert a toutefois fait personnellement quelques expériences sidérantes en situation d’urgence. Ainsi, par exemple, il a observé un patient en soins intensifs atteint d’une nécrose pancréatique fulgurante, dont l’état s’est amélioré de manière inattendue en quelques jours après l’administration mentale d’un remède homéopathique dilué et dynamisé. Son pancréas s’est régénéré.
Il a également été témoin de cas surprenants, comme la reconstitution rapide d’une fracture du pied en trois jours, similaire à une observation faite par une consœur américaine chez les aborigènes d’Australie. De même, il a observé la disparition immédiate de l’œdème, de la douleur et du dard d’une piqûre d’abeille sur la main de son jeune fils.
L’effet nocebo et l’impact de l’environnement médical
Au cours d’un parcours de santé, de nombreux points abordés peuvent plaire ou déplaire et avoir un effet nocebo, c’est-à-dire aggravant les effets secondaires. Notons par exemple l’impact que peut avoir la prise de rendez-vous avec une secrétaire joviale ou désagréable, les conditions d’attente du rendez-vous, le cadre d’attente lors du rendez-vous (décoration, salle d’attente, cabinet), tout comme la manière d’être reçu lors de la visite médicale (l’empathie et l’humanité dont un soignant peut faire preuve ou pas), le cadre de l’hospitalisation, l’intérêt accordé ou pas grâce à la maladie (une anamnèse poussée ou qui semble légère, l’examen physique brutale ou attentionné, un toucher affectif ou glacial (ostéopathie, haptonomie, microkiné, kinésiologie, massage, …), un bon diagnostic permettant le bon traitement immédia, une conversation dans un groupe d’entraide ou un atelier, la reconnaissance et la prise en considération de la plainte, la manière d’annoncer un diagnostic et un pronostic.
L’influence de l’imaginaire sur le corps
L’effet du placebo semble en grande partie lié à sa capacité à transformer l’image mentale que l’on se fait de la guérison, ce qui pourrait expliquer son influence sur le corps. Le Dr Monnaerts et collaborateurs recherchent surtout comment expliquer cet effet.
Est-il lié à l’attente, l’espoir ou la foi que les patients placent de manière particulière dans une substance, un acte thérapeutique ou une relation avec le thérapeute ?
Il arrive qu’une crise d’asthme soit déclenchée par la seule vue d’une fleur en plastique, bien qu’elle ne contienne aucun allergène, et qu’à l’inverse, une simple injection sans substance active, comme du sérum physiologique, puisse suffire à l’apaiser.
Les Américains ont développé le concept de Guided Imagery, faisant appel à la puissance de l’imagination et de l’intention dans le processus de guérison. Anthony Robbins, coach de renommée internationale, met ce concept en application dans l’ensemble de ses formations et interventions. Il en est un emblème représentatif.
Grinder et Bandler, inventeurs de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) y ont intégré l’hypnose consciente, mise au point par le Dr Milton Erikson. Elle est actuellement utilisée en anesthésie à l’université de Liège, par la chef de service Marie-Elisabeth Faymonville et son équipe.
Les traditions ancestrales et la science moderne
Les anthropologues ont pu mettre en évidence partout dans le monde que les religieux, les maîtres, les gurus (Inde) faisaient usage de ce même concept dans leurs pratiques spirituelles.
Les shamans, guérisseurs et praticiens de traditions ancestrales utilisent diverses approches, avec ou sans substance, pour induire des états modifiés de conscience ou de transe. Dans ces états profonds, il a été observé que certaines personnes pouvaient accomplir des actions inhabituelles, parfois difficiles à expliquer d’un point de vue physiologique, comme une résistance accrue à la douleur ou l’absence de réaction face à certaines substances normalement irritantes. Ils effectuent des actes que leur physiologie à l’état normal ne saurait supporter comme la digestion de poison sans intoxication, de coup sans lésion, …
En Occident, bien des personnes ont déjà fait l’expérience des marches sur le feu sans brûlures. Même si ce phénomène est totalement explicable, il implique un dépassement pour ceux qui effectue cette marche et n’en n’ont pas connaissance.
La responsabilité personnelle dans la guérison
Les attentes de la personne qui mène l’expérience, tout comme celles du participant, peuvent jouer un rôle dans les résultats observés.
D’après un article publié en 1952 dans le British Medical Journal, 40 % des comprimés prescrits par les médecins en Grande-Bretagne pendant la première moitié du XXième siècle, étaient des placebos prescrits sciemment.
À côté de certaines remarquables molécules dont l’effet est largement supérieur à celui des placebos, demeurent dans la pharmacologie actuelle, selon différents pharmacologues, d’innombrables molécules dont l’effet ne dépasse guère celui du placebo.
Le fait d’administrer un placebo aux patients à leur insu ne leur permet pas de développer leurs pensées rationnelles pour comprendre comment ils ont été capables de tel prodige de guérison par eux-mêmes en l’absence de toute molécule active.
La suggestion de l’autre réveille seulement le pouvoir d’auto-suggestion de la personne. De ce fait, il est du devoir de chacun de reprendre sa propre puissance. Ce ne sont donc pas le comprimé ou la poudre de perlimpinpin en eux-mêmes qui fonctionnent, mais la représentation et le ressenti subjectif que le sujet s’en fait, comme l’a montré la physique quantique.
Inversement, l’étude de l’effet nocebo pourrait nous éclairer sur la part de responsabilité inconsciente que nous avons dans le déclenchement de nos maladies.
Le Dr J.L. Monnaerts a créé le système AURELIS (AUtosuggestie – RElaxatie – Innerlijke Sterkte, traduisible par : Autosuggestion – Relaxation – force intérieure) pour étudier scientifiquement le mécanisme et les effets du placebo virtuel ou imaginaire.
Le soulagement de la douleur n’est qu’un des 170 domaines dans lesquels AURELIS pourrait apporter du soulagement.
Le placebo met en lumière les étonnantes capacités du corps et de l’esprit à favoriser la guérison et le bien-être : "Que la force en toi, soit avec toi et t’accompagne".
Vers une médecine plus personnalisée
À terme, cela pourrait permettre de diminuer l’usage des médicaments en les fabriquant gratuitement en soi de manière individualisée et parfaitement dosée. Ce qui favoriserait dans ce cas une approche plus personnalisée et naturelle de la guérison. Il ne s’agit nullement de d’ abandonner les traitements médicaux ou de contester la médecine conventionnelle ou tout autre approche médicale mais d’affirmer que nous avons des capacités biologiques naturelles pour prendre soin de nous aussi.
Il est évident que l’auto-suggestion requiert plus de temps que celui utilisé pour avaler une pilule efficace ou pas, et demande de surcroît, une implication personnelle.
Une question fondamentale
Aussi, la question fondamentale soulevée par certaines personnes renommées comme Anthony Robbins, est de savoir dans quel mesure les patients seraient prêts à tout mettre en œuvre pour devenir responsables de leur santé, de leur bien-être global et s’impliquer activement dans leur guérison ou s’ils préfèreraient être passif et continuer à s’en remettre aux médecins, à la médecine moderne et aux traitements chimiques conventionnels.
Conclusion
En conclusion, chacun de nous possède une connaissance intime de ses propres déséquilibres, nous sommes tous intérieurement des spécialistes de nos maladies. Toutefois, il est précieux d’acquérir une meilleure compréhension et une conscience éclairée afin de les transformer en leviers de bien-être et d’évolution. À nous de trouver ce qu’elle nous pousse à transformer et en quoi elles nous motivent à oser nos envies essentielles. N’est-ce pas une bonne approche pour dynamiser notre état de bien-être de manière global (physique, énergétique, émotionnelle, psychique, social et spirituel) et nous épanouir dans chaque domaine de notre vie ? Nous en serons les premiers gagnants et les retombées seront bonnes pour tous.
Ps : Les personnes intéressées à contribuer à cette étude peuvent aller sur le site www.palpi.info
Pour aller plus loin
- Lire les articles sur la santé : "Articles sur la santé"
- Accéder aux activités en Art de la Santé Coopérative® : "Activités en Art de la Santé Coopérative®"
